mardi 20 avril 2010

Ecrire à Butembo - Chapitre 12 - Les problèmes - Kutazo !

Didier de Lannoy
Butembo !
sous-titré On m’envoie écrire ailleurs ! Ici, je dérange trop ? compte-rendu en musique d’un voyage dans le temps, à Kinshasa, 23 novembre 2007 - 11 janvier 2008
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Extraits

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Les problèmes

Kutazo !


Hier, j’ai adressé

- Echec ! Aucune réponse !

un SMS à Freddy Tsimba. Aujourd’hui, j’essaie d’atteindre

- Echec aussi !

Vincent Lombume Kalimasi. Et

- Echec encore !

j’envoie aussi un message à Bibish Mumbu : « Bien rentrée ? » Elle m’avait fait savoir, en effet, dans un mail expédié des Etats-Unis et reçu à Bruxelles, avant mon départ pour Kinshasa, qu’à partir du 6 décembre, on allait pouvoir se retrouver au Bloc, à Bandal…

Tous les « Yambistes » rencontrés à Bruxelles m’ont donc laissé tomber ? Y a-t-il eu complot ? Se sont-ils

- Parano, va !

donné le mot ? OK. Je les oublie tous. Ils me nient ? Je les zappe ! Etali bango ! Tufi na bango, etc…

- Paranooooooo !

Bon, passablement déconfit, je m’engage dans une longue sieste…

Quand, en toute fin d’après-midi, je finis par me lever, il y a un problème, assis, dehors, sur la terrasse (ou

- Ça dépend, sans doute, de la façon dont il s’est présenté à la porte d’entrée, j’imagine ?

à l’intérieur de la maison, au salon, avec les enfants) qui m’attend

- Pourquoi ne m’a-t-on pas appelé ?

- Sukina et Tensia n’ont pas voulu te réveiller !

depuis deux heures.

Mon problème ne boit pas

- A cause de la pluie ! Il fait trop froid ! Non merci !

d’eau « bien tapée », sortie du frigo. Ni de bière, ni de café. Il patiente et feuillette le vieux journal qu’on lui a donné à lire…

Les problèmes

- Ont-ils peur de ne pas être bien reçus ? Ou n’ont-ils pas eu l’occasion ou le temps de mettre leur portable à la charge ? Ou n’ont-ils plus d’unités, plus de crédit ?

ne s’annoncent pas toujours. Ils viennent à pied. Même sous la pluie. Ils ne connaissent pas l’adresse exacte de la personne qu’ils vont visiter et doivent souvent chercher, chercher, chercher, interroger des gens, en questionner d’autres, frapper, frapper, frapper à plusieurs portes. Les problèmes sont tenaces et, habituellement, parviennent à destination. Généralement aussi, ils n’ont pas d’argent pour

- Rentrer à pied, la nuit, avec les bandes de jeunes (des « clubs » et des « écuries » portant des noms « terribles » : Soweto ou Bana Mitraille à Kingabwa, Mondesu à Matonge, Zoulou à Kasa-Vubu ou à Binza-Delvaux, Bana Bofala à Ngaba,Bolafa à la N’Sele etc) … et les contrôles de policiers ou de militaires, ce n’est pas toujours prudent !

le retour…

Les problèmes habitent un deux-pièces avec leur épouse et plein d’enfants, de neveux et de nièces… une annexe, construite au fond d’une parcelle, à côté du kikoso... Tout le monde regarde la télévision… bien que les quartiers où habitent les problèmes souffrent

- Mais pas ce soir !

de délestage plus souvent que d’autres. Les problèmes sont fiers. On ne les achète pas. Quelquefois ils ne disent rien. On doit alors tout deviner… On peut parfois arranger les problèmes mais on est rarement en mesure de leur apporter une solution

- Il y a des mécaniciens pour ça, non ?

- Douchka, tu es un sale chien, une pourriture, un salopard, un transgresseur d’interdits, un excrément de truie réglée ! On ne rit pas de tout !

- M’enfin, petite chérie, ça permet de dédramatiser, non ?

définitive. Les problèmes se lèvent tôt le matin et, quand ils se réveillent, ils sont encore plus fatigués que la veille, en se couchant. Les problèmes ne font jamais la sieste.

Quelquefois les problèmes ne sont pas de vrais problèmes. Mais plutôt des souvenirs ou des remords. Et, alors, c’est encore pire…

Après avoir reconduit mon problème à la maison, salué son épouse et embrassé ses enfants, j’ai, subitement, eu vraiment très soif… mais il fallait d’abord que je fasse un grand pipi.

Papa Antoine me trouve

- Urgence ! Affaire prostate ! Ça ne peut plus attendre !

d’abord un endroit où

- Danger !

« iriner » tranquillement, à l’aise, sans

- Mundele, c’est quoi ça ?

être interpellé et insulté par des riverains ou mis à l’amende par des policiers, caché derrière la jeep de Nadine, alias « Gododo », alias « Petit Bal » », dans le caniveau d’une

- Et si c’était dans cette rue-là qu’habite la maman de Bibish ?

petite rue, peu fréquentée, de Bandal-Makelele… et m’amène ensuite boire un verre et remplir à nouveau mes gourdes et mes bidons dans une terrasse

- J’y apprends que Monseigneur Monsengwo Pasinya vient d’être nommé archevêque de Kinshasa ! Bientôt cardinal ? Comme Malula et Etsou l’ont été avant lui ?

paisible dont il est

- Et NCJ ?

- NCJ est puni, boudé, boycotté, sur la touche ! Depuis l’histoire de la voiture qui s’est retrouvée en panne à Lemba ! Mais il fera bientôt sa réapparition, j’imagine ? Tôt ou tard ? Avec un grand sourire ?

le client régulier, le « New Tic-Tac », à côté de la « Maison Hélène », près du conteneur abritant le sous-commissariat de police du quartier ou, plus exactement, le poste « Cimetière de Kintambo » de la police spéciale de roulage