mardi 20 avril 2010

Ecrire à Butembo - Chapitre 25 - A l’attaque - Mortel combat !

Didier de Lannoy
Butembo !
sous-titré On m’envoie écrire ailleurs ! Ici, je dérange trop ? compte-rendu en musique d’un voyage dans le temps, à Kinshasa, 23 novembre 2007 - 11 janvier 2008

Extraits


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A l’attaque

Mortel combat !


Bon, 18 heures quart, l’heure des moustiques, des ngembos (Citronnelle et Pétronille), des chauves-souris, il est grand temps

- Sinon Muka, alias « Petite Chérie », alias « Tantine Betena », alias « Motema Magique », va me botter le train !

de passer à l’attaque, de se bouger le cul et de frapper à la porte des gens. Opération volontariste, quasi-militaire… très rondement menée.


Avant de partir (alors que Papa Antoine achève de manger sur la terrasse arrière), j’entends parler de la rumeur du jour, celle qui court : il y aurait eu une « bousculade »

- Cela fait-il aussi partie du « Chaos Management » dont nos frères Nebalis sont, paraît-il, très friands ?

devant la boulangerie qui fabrique le « pain Victoire » (appelé aussi « kanga journée » !), au croisement Huileries-Kabinda… Il y aurait eu des morts… parmi les Mama ya mapa… ou parmi les travailleurs de l’usine ?

Ne pas oublier de lire la presse demain !

Pas évident, cependant… La « liberté de ton » s’accommode difficilement des problèmes de déplacement… Et l’incident qui s’est produit à Kingabwa entre les policiers et les « Monuc » n’a, semble-t-il, été rapporté nulle part.

A-t-il seulement eu lieu ?

Même pas sûr…

Vérifications faites, il semblerait d’ailleurs qu’il n’y ait pas eu réellement de « bousculade » au croisement Huileries-Kabinda devant la boulangerie « Victoire » mais plutôt un accident dans lequel serait impliqué un camion effectuant des livraisons de pain chez les dépositaires.

Et l’affaire de Kingabwa ?

J’ai rencontré

- Tu n’oublieras pas de faire un gros bisous à Anaya ! De la part de Muka et, bien sûr, de Papa Didier !

Ya Nze tout à l’heure. Il m’a dit ne jamais avoir entendu parler d’un incident quelconque ayant opposé, ces derniers jours, des policiers et des « Monuc » Pourtant d’autres personnes, travaillant également à Kingabwa, certifient avoir perçu des coups de feu… Dans une ville aussi vaste que Kinshasa, les rumeurs ne sont pas toujours faciles à gérer…


Allons réveiller (entre 18 et 19 heures, c’est le bon moment, non ? tout le monde est déjà rentré et personne n’est encore sorti, non ?) Chéri Samba et Bibish Mumbu.

D’abord la « cible » la plus éloignée : Chéri Samba, au croisement de l’avenue Kasa-Vubu et de Birmanie… Bibish j’essayerai à mon retour, sur le chemin de Kintambo…

Evidemment, le maître n’est pas là ! Fulgence me dit que Chéri Samba a voyagé

- Samba est en Europe depuis déjà longtemps…

- Depuis quand à peu près ? Novembre ?

- Depuis le mois de mai !

mais, quand je lui parle de Philda et de Kitokimosi, Fulgence se rend compte que je connais bien Samba, me presse d’entrer et de rédiger

- Avec l’adresse et le numéro de téléphone !

une petite note…

- Eeeh ! Le gredin serait-il quand même à Kinshasa et y jouerait-il à l’homme invisible, petite chérie ?

On verra bien… selon que

- Et dis-toi bien, petite chérie, que je ne suis pas parano, je me « contextualise » !

Chéri Samba (ou, Philda, son épouse) me téléphone... ou ne me téléphone pas…

Attaquons Bibish à présent, la retranchée !

Effectivement, Bibish n’est pas chez sa mère mais squatte

- Où ça, douchka ?

- Je ne te dirai pas où, petite chérie ! Je ne donnerai son adresse à personne !

- Même à in Koli Jean Bofane, alias « Fossoyeur Jones » ?

- Surtout pas à lui, petite chérie, mon Rival ! Bibish fait comme si elle n’était pas là, comme si elle n’allait pas rentrer à Kin avant janvier, elle ne répond pas au téléphone, elle a le blues, son mari lui manque (il l’a accompagnée pendant presque toute sa tournée américaine, de Philadelphie à Seattle… et puis ils ont dû se quitter), ses voyages l’ont fatiguée, elle se repose, elle décompresse… Ses sœurs la coiffent, Papa Léonard assure sa sécurité, elle est très bien comme ça… Je ne vais quand même pas la trahir !

ou « garde » momentanément la maison de son frère, au fin-fond de Makelele, dans un très joli petit square arboré, assez loin du Kasa-Vubu, de son trafic et de ses clameurs…

Bibish m’invite

- M’enfin, Bibish, tu sais bien, pourtant, que je déteste la culture et tous les « cultureux » ! Que ces « précieux ridicules » (ces « grosses bites » molles, suffisantes et dindonnisantes, coquettes comme des cocottes et méchamment jalouses les unes des autres, a dit un jour une personne qu’In Koli Jean Bofane et moi nous apprécions particulièrement) me font profondement chier…

à assister à un spectacle, dans son quartier, à l’espace « Les Béjarts »

- Mais non, Vié, ici ce ne sera pas la même chose » ! Et d’ailleurs, c’est « Papy » qui organise ça ! Papy Maurice Mbwiti, tu te souviens de lui, tu l’as rencontré à Bruxelles ?

- Donne toujours les coordonnées du truc, on ne sait jamais, ça pourra toujours servir !

Elle-même y lira des textes.

Une petite sœur de Bibish (sans doute fait-elle partie de la troupe et du spectacle ?) me refile tous les renseignements utiles et j’en prends note, très rapidement… et très approximativement : pharmacie Tshibangu, rue Maduda, puis à gauche la rue Lubuzi et c’est là-bas, tout au fond, près du marché Synkin, à côté du parking Mandungu, n°52-60 …

- Je ne promets rien, ça ne dépend pas de ça moi, mais du « transport »… Si je n’ai rien promis et que je débarque quand même, je suis un vrai cadeau … tandis que si j’ai promis et que je ne viens pas, je suis une horrible merde, non ?

Et, comme on pouvait le prévoir, avant de rentrer

- Courant ezali ?

- Ezali !

à la maison, Papa Antoine et moi allons boire une avant-dernière puis une dernière bouteille au New Tic-Tac (alias « Terrasse Bienvenue »), à côté du poste « Cimetière de Kintambo » de la police spéciale de roulage.