Butembo
sous-titré On m’envoie écrire ailleurs ! Ici, je dérange trop ? compte-rendu en musique d’un voyage dans le temps, à Kinshasa, 23 novembre 2007 - 11 janvier 2008*
Extraits
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« La confiance n’exclut pas le contrôle », disait Sekou Touré
Kanga ngai photo !
Une bonne petite chanson chrétienne
- Il en faut pour tous les goûts, non ? Certains aiment mieux la Skol et d’autres la Primus ! Mais peut-être aurais-tu préféré, petite chérie, « Trône éternel » de Franck Mulaja, « Mystère du voile » de Marie Misamu ou « Munduki » de Patrice Ngoy Musoko, n°1 au hit parade des rengaines religieuses ?
avant de se mettre au boulot : « Kanga ngai photo » de José Nzita ? Il est temps que je parte à la recherche de plusieurs amis… et aussi d’informateurs autorisés sur Butembo, non ?
Marie-José me téléphone de la part
- J’ai beaucoup d’amitié et de respect pour Papa Engulu. Que pourrait-il bien me raconter sur Butembo ? Sûrement plein de choses !
de Papa Engulu. Il souhaiterait me voir…
Ya Nze me dit que Marie est déjà allée à Butembo. Et qu’elle en est revenue émerveillée. Je l’interrogerai plus tard, bien sûr…
Foma Ntabaswa, un ancien collègue, plein d’humour et de lucidité, avec lequel je m’entendais très bien, a laissé un message
- Comment connaît-il mon numéro ? s’interroge Kabeya
sur le portable de Jean-Pierre Kabeya. Foma a appris que j’avais débarqué à Kinshasa et cherche à me contacter. Malheureusement Kabeya
- Pas plus malin que moi dans la manipulation des appareils, eh !
a perdu son message.
Foma Ntabaswa est, certes, Kivutien mais
- Pas de chance !
je doute qu’il soit originaire de Butembo…
Mais déjà Muka m’interpelle.
- On me dit, douchka, que tu ne bouges pas beaucoup et que tu passes énormément de temps dans ta chambre, en pagne, devant ton ordinateur !
- Mais non, petite chérie ! Ici, je suis en famille, non ? Et je porte un slip sous mon pagne… Et c’est très agréable… En famille, à Kinshasa et… à Butembo aussi. Mais je bouge, je bouge, je bouge …
- Je te connais ! Si ça ne tenait qu’à toi, tu serais capable de passer toutes tes journées dans ta piaule… Il faut bouger ! Kinshasa ne va entrer dans ta chambre comme ça ! Il faut que tu ailles le chercher !
- Mais je bouge, petite chérie, je te dis que je bouge. Tu veux savoir où ça ? Que je te cite les communes ou les quartiers que j’ai déjà « visités », dans l’ordre, en évitant de me répéter ?
N’DJILI-AERO, MASINA, KINGASANI, N’DJILI, DE BONHOMME, LIMETE, CAMP KAUKA, KIMBANGU-FONCOBEL, MATONGE, NGIRI-NGIRI, BANDALUNGWA, KINTAMBO, GOMBE, MA CAMPAGNE, DELVAUX
- Je peux même te dire, petite chérie, qu’au quartier Delvaux il y a une « rue du Commerce » qui débouche, à angle droit, sur la route de Matadi ! Omoni ? Une rue seulement, pas une avenue !
BINZA-UPN (ex IPN), MONT-NGAFULA, NGABA, RIGHINI, LIVULU, YOLO-SUD, CAMP MOMBELE, YOLO-NORD, LEMBA, MATETE, KINGABWA, MAKELELE, MOULAERT, KIMBONDO, KINSUKA, KINKOLE, NSELE, MALUKU
- Ouais, je vois ! Je vois que ça ne veut rien dire et que ça ne prouve rien ! Seulement que tu as encore de la mémoire ou que tu disposes d’une bonne carte de la ville de Kinshasa ! Je te connais, je sais bien qu’il faut toujours qu’on te pousse un peu et je suis persuadée que, jusqu’à présent, tu n’as pas rencontré grand monde !
- Mais non, petite chérie, je bouge, je circule, je vois des gens (et, bien sûr, Nadine aussi me pousse) ! Et je leur téléphone parfois (bien qu’en fait ce soit plutôt Nadine qui leur téléphone à ma place) ! Je déteste le téléphone ! Et je ne veux déranger personne et ne rien leur coûter, tu me connais ! Et je ne contacte que les amis et les relations qui ont répondu à mon message, celui par lequel, il y a plus d’un mois, j’annonçais mon arrivée…
- Parano, va !
- Mais non, mais non, mais non ! Et puis je n’aime pas trop les pèlerinages ni les dépôts de gerbes au cimetière ou devant les monuments aux morts ! Et sans doute y a-t-il des gens qui « ont autre chose à faire » ou qui considèrent que je ne peux rien leur apporter ou qui ne sont pas pressés de me revoir parce que je ne leur ai pas laissé d’excellents souvenirs ou, peut-être aussi, qui ont d’énormes problèmes de déplacement… Mais je téléphone et on me téléphone… Et, parfois, ce sont d’excellentes surprises ! Comme ce coup de fil de Foma Ntabashwa…
- Foma ?
- Oui, cet homme-là qui avait contacté Kabeya ! Un ancien collègue du CPA, tu ne l’as jamais rencontré, je crois… Je téléphone et on me téléphone… mais j’ai un petit problème pourtant (un problème de délestage combiné à une panne informatique, à une rupture de connection à Internet, etc), je n’ai pas encore pu recontacter les personnes qui m’avaient répondu et leur communiquer mon numéro de téléphone actuel, sur place, à Kinshasa…
- Bon, passons, on règlera ça plus tard… Mais dis-moi quand même qui tu as déjà rencontré ?
- Que je t’envoie le listing des quelques noms que j’ai retenus, petite chérie, dans l’ordre ? J’ y mets tout le monde y compris (ça fera nombre !) ceux que j’ai contactés ou qui m’ont contacté par téléphone ?
NADINE (alias « Mère Courage »), ANASTASE NZEZA BILAKILA (alias « Ya Nze »), TENSIA, SABAKINU, NDJOLI-CLEMENT (alias « NCJ »), EMMANUELLE-SUKINA, KAKO, AUDRIAN TSHIMANGA
- Le gamin d’en face, un des potes à Kako !
MAMY et
- La propriétaire de Nadine !
TONI ou GERY
- Le fils ou le neveu de Mamie, l’amateur de basket !
PAPA MARTIN, MIMI, MAMAN PAULINE, VALERIE MULAMBA KALANGA MABI
- Nani wana ?
- La nièce d’Adolphine Kabedi, la fille d’Evariste Mabi (qui, lui, se trouve en Italie et doit encore passer par Bruxelles avant de revenir à Kinshasa)… J’avais un livre (et qui ne ressemble pas du tout à un roman policier) à lui remettre de la part de sa tante…
PAPA ANTOINE, JEAN-PIERRE KABEYA NYONGA, MAMAN AZANGA (SHAYLA), NKOY, MALUTY, NGYEZI VAKANDA, MARIE TUMBA MUNDI, BIBIANE-SUKINA, ANAYA
- La petite Anaya, la bienvenue ! L’avenir du Congo !
MAMAN KULUTU, SUKE BOLA, JIMMY, MARIE-JOSE ENGULU, MIREILLE, L’AUTRE MARCO
- L’autre Marco, le copain de Kako, m’apprend que pour faire @, il suffit de taper Alt 64 ! Waow ! Il suffisait d’y penser ! Je finirai un jour par devenir intelligent en informatique ?
FRANCOIS-XAVIER BELTCHIKA KALUBYE, AKA MANTSIA, MEDARD, THIERRY, LAURENT, CITRONNELLE et PETRONILLE (alias « Mamie et Claudine »), NICKY, AIME BEWA, ROBY, MELISSA, MARC KINDUNDU, FOMA NTABASHWA, KATIKIA AZANGA (alias « Kataps »), BIBISH MPEMBELE, MAMITCHOU et
- Tiens, des Bulankos !
FRANCOISE DE MOOR, FREDERIC JACQUEMIN
Quelques personnes s’étonnent.
- Des Bulankos ? Ces gens-là qui reçoivent leurs « amis congolais » au restaurant, jamais à la maison ?
- Pas de panique ! Pas de souci à se faire ! Ces deux-là, je les connais bien ! Il s’agit d’un nouvel arrivage ! Des produits frais ! Venant à peine de tomber de l’avion ! Non encore infectés, biaisés ou faisandés au contact de certains de leurs frères et sœurs de race qui vivent au Congo (et « sur » le Congo) mais en dehors du Congo et y sont, très probablement, sursursurpayés par rapport à leurs collègues congolais et… se sont, peu à peu, afrikaanderisés (auto-confinés dans des kraals urbains, autarcisés, dollarisés, citernisés, conservisés, climatisés, antennisés, satellisés, numérisés, barbelisés, fortinisés, bunkerisés) (et qui se sont même, parfois, m’a-t-on dit, constitués en milices d’autodéfense, prêts à soutenir tous les sièges possibles et à défendre leurs paquebots, corps et biens, contre toutes les tempêtes populaires) ! Si ça se trouve, les Congolais pourront peut-être en faire quelque chose, non ? On verra ça plus tard, non ? Vous me direz quoi alors, non ?
NADINE BEWA, CHRISTIANE FONTIER, MICHEL, JOSE BAU
- Ah, ma copine ! Tu l’as vue, douchka ? Que devient-elle ? Raconte !
- Je lui ai téléphoné, directement, sans passer par l’intermédiaire de Nadine (mais, sans doute, avais-je trop tardé : il me fallait, d’abord, retrouver mes balises, marquer mon territoire, redécouvrir ma fille et l’entendre me parler de ses projets et de ses problèmes, refaire connaissance avec mes kokos, m’habituer au délestage, aux problèmes de déplacement et à l’usage du téléphone portable…) Je lui ai annoncé que j’allais venir manger dans son restaurant, un lendemain midi, avec Ya Nze et des amis qui nous y avaient conViés… Elle m’a répondu que ce lendemain-là était un dimanche et que le dimanche était son jour de fermeture et qu’elle partait dans le Bas-Congo…
- Vous vous verrez plus tard alors ?
- Peut-être… On verra bien… Je ne veux m’imposer à personne… Mais sans doute suis-je… comment tu dis déjà ?
- Parano ?
- Voilà !
- Ben oui, tu l’es ! On devrait te frapper pour ça ! On devrait interdire aux sourds paranoïaques l’usage du téléphone !
- Tout à fait d’accord ! C’est aussi ce que je pense ! Qui va, maintenant, réparer mes « bêtises » ou « corriger le tir » ? Tu me manques déjà, petite chérie ?
Viktor Rousseau (à peine sorti d’un embouteillage) s’entremet, me dit que son ex-belle-sœur est
- Moi aussi alors !
fâchée et il tente de « diplomatiser »
- Tu dois faire un effort, essayer de la comprendre… Elle est timide…
- Et moi donc !
Je vois plein de gens, petite chérie. J’ai même reçu la visite d’un mpese
- Watte ?
- Een kakerlak !
dans ma chambre, alors que je travaillais sur mon PC. Un beau. Un grand. Un dodu. Un brun. Un brillant. Un rapide. Un bien sapé. Un bien ciré. Un bien nourri. Sans doute est-ce le même que celui qui
- Avec insolence ! Sûr de ne pas être renvoyé ! Sûr de ne pas être écrasé ! Mais quand même pressé d’aller se cacher sous un tapis de bain…
se promenait dans le couloir avant-hier. Sans doute s’agit-il d’un grand mâle solitaire. Sans doute n’a-t-il pas encore trouvé de jeune et jolie princesse à épouser depuis notre première rencontre… car je ne lui ai découvert ni compagne, ni petit. Peut-être est-il trop âgé. Sans doute n’est-il même pas amoureux de Citronnelle. Ni de Pétronille.
- Je préfère ça, les vols nuptiaux des cancrelats sont plutôt lourds et maladroits !
Sans doute la bombonne de Baygon que je viens de voir à la cuisine lui est-elle destinée.
