mardi 20 avril 2010

Ecrire à Butembo - Chapitre 29 - Les Banga-Banga Stars - Ah, Lidusu! Tobina na Lidusu ! Nakoti na Lidusu!

Didier de Lannoy
Butembo !
sous-titré On m’envoie écrire ailleurs ! Ici, je dérange trop ? compte-rendu en musique d’un voyage dans le temps, à Kinshasa, 23 novembre 2007 - 11 janvier 2008

Extraits


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Les Banga-Banga Stars

Ah, Lidusu! Tobina na Lidusu ! Nakoti na Lidusu!


Oui, passons à autre chose mais parlons d’abord du concert d’Evoloko Joker et des Langa-Langa Stars à La Crèche, non ?

OK !

Nuit très encombrée… En voici donc la relation, en vrac, dans un désordre nécessaire, comme les gens et les choses sont venus…

Avant tout, NCJ et moi, nous nous rendons au camp Kauka, rue

- On l’a d’abord cherché du côté de la rue du Dispensaire, un peu plus haut, vers Yolo, mais ce n’était pas tout à fait la même chose ni, évidemment, le bon endroit ! Echec !

de l’hôpital, n°34, chercher « Qui Saura » dans la famille de Linda. J’y

- Ça fait longtemps !

revois Linda, toujours aussi jolie et

- Et toujours aussi croyante, douchka ?

- Elle ne m’a pas parlé de Dieu et je ne l’ai pas invitée à prier, petite chérie…

toujours aussi sympathique, Didiana (complètement rétabli à présent), quelques oncles, tantes, frères, sœurs, cousins et cousines et surtout

- Ça fait vraiment très longtemps !

avec un énorme plaisir, le papa de Linda, expert-comptable retraité

- Mais ne l’était-il pas déjà, ou presque, il y a dix-sept ans, petite chérie ?

de l’ONATRA, assis dans la cour, âgé mais encore en assez bonne forme. Chacun d’entre nous a gardé une très bonne mémoire et un excellent souvenir de l’autre…

Nous arrivons au rond-point Victoire… Encore un peu tôt pour aller à La Crèche. J’entraîne NCJ et « Qui Saura » sur Ikelemba, à la terrasse de Ma Lyly, la sœur de Freddy Tsimba… où nous le retrouvons, lui. Et

- Que pensez-vous des sculptures de votre « Petit » ? Détournement de matériel militaire, non ?

un colonel de la famille, en civil. Et, bientôt aussi, Salumu Yamba Yamba, venu nous rejoindre…


C’est l’occasion rêvée de faire un petit coucou

- Je te passe Freddy, puis Salumu, puis « Qui Saura »…

à Bobonne, non ? A neuf heures trente, même pas dix heures ! Et voilà que cette enfoirée

- Mais foutez-moi la paix, je suis fatiguée, je dors !

râle comme un octodon que l’on obligerait à vivre dans la même pièce qu’un chaton… alors que cette dernière nuit, après avoir fait la fête avec Malou, Guy, Ben, Lisette, Judith, Bofane (alias « Fossoyeur Jones ») et tant d’autres, la patronne s’est permise

- Ben oui ! Et c’est pour ça que, ce soir, je suis très fatiguée ! Foutez-moi la paix, quoi ! Laissez-moi dormir !

de me téléphoner et de me réveiller (et je n’ai pas réussi à me rendormir !) vers quatre heures trente du matin.

Quelle mentalité !


Il commence à pleuvoir... Changeons de lieu et allons voir quand même à La Crèche, c’est couvert, non ?… s’il s’y passe quelque chose et comment ça se passe…

L’arnaque totale ! La Tembo à 1.500 francs congolais, trois dollars ! La Skol et la Primus à 1.300, le Vital’O à 1300, le coca à 800. Très peu de clients. Evoloko n’est pas encore là. Deux chanteurs-musiciens criards ou

- C’est peut-être la sono, douchka ?

- Je ne crois pas !

enroués se démènent

- C’est la fête ! C’est l’ambiance ! C’est parti ! On est là, on est là, on est là ! Ça va bientôt décoller !

comme ils peuvent, devant quelques saoulards non-accompagnés… des « gens de Yolo » sans doute (qui devaient être des « fans » du Langa-Langa Stars original au moment où l’orchestre a « explosé » dans tout Kinshasa, au Vévé Center, avec Evoloko Joker mais aussi les Djuna Djanana, Dindo Yogo, Kisangani Espérant, Djo Mali, Bozi Boziana…), cherchant à retrouver les sensations de leur jeunesse, monopolisant la piste de danse et demandant à un photographe d’immortaliser leurs « phases » biturées...

En face, à l’« L’Inter de Matonge », presque au même niveau, sur la terrasse du dernier étage, il y a plein de monde et beaucoup de mouvement : un mariage, un peu bourge… mais qui a l’air de bien se passer…

Tandis qu’à La Crèche, Evoloko Joker n’est toujours pas là. Et que je suis assis à côté d’un foutu baffle qui me bouchonne les oreilles. Et qu’il n’y a pas d’ambiance, pas

- Pas même une princesse, douchka ?

- Ben oui, une femme de poids, habillée tout en blanc ! Souriante et plutôt sympathique ! Qui m’interpelle à la sortie des toilettes… et, sans rien me demander, vient s’asseoir à côté de moi…

- Et pas à côté de Salumu, de « Qui Saura », de NCJ ou de Freddy ?

- Ben non… Tu crois qu’elle est raciste ?

- C’est sans doute toi qu’elle « aime », douchka ! Comme Citronnelle ! Tout chèque en blanc est bon à prendre, non ? Même un vieux joghourt amer ! Ça ne veut pas dire qu’elle a des tendances dépressives et qu’elle ne va pas te tromper avec des frères à elle, plus chics et, surtout, plus chocs que toi, eh ! Non, rassure-toi, elle n’est sûrement pas raciste !

- C’est bien ce que je pensais, petite chérie… et me voilà tranquillisé ! Elle me demande de lui offrir un Vital’O ! Je finis pas lui passer 1.000 francs ! Elle a dû « compléter »… et ça ne l’a même pas mise de mauvaise humeur, elle a continué de remplir mon verre… Elle s’appelle Madette, elle aussi est de Yolo… Yolo-Nord bien sûr…

de fête et qu’on sent bien que ça ne décollera jamais. Et que même la serveuse et le photographe et Madette et le guitariste et le bassiste et le batteur et les chanteurs… et les clients payants aussi dépriment… Et pourtant les vrais « clients » de Langa Langa Stars existent et prennent un réel plaisir à écouter l’orchestre, même lorsque le patron n’est pas là… Mais ceux-là n’ont pas le droit de monter sur la terrasse… On peut les voir d’ici, en se penchant un peu, tout en bas, au pied de l’immeuble… Ce sont les shégués qui dansent dans la rue et sur le « trottoir », devant l’entrée de l’ancien Vis-à-Vis…

Bon, il se fait tard. Minuit largement passé. Salumu doit rentrer. Evoloko ne viendra plus. On part…

- Evoloko a raté, petite chérie !

- Comment ça, douchka, tu comptais l’habiller de billets de banque ?

On va vers le stade, on tourne à droite, à gauche…

Et on passe devant les « restes » du couloir Madiakoko, tant vanté par Raymond Suke Nzanga ! A présent, il n’y a plus de défilés de mode, en pagne ou en robe, en soutif et en slip, en slip et sans soutif, à poil… Les autorités urbaines ont interdit tout ça ! Les « terrasses » ont été rasées. J’arrive malheureusement quelques années trop tard… On passe aussi

- Sur Oshwe, non ? En face de « Bana Kin », non ? Quel numéro encore ? On le réveille, oui ?

- Arrête de réveiller les gens, douchka !

- Et toi alors, petite chérie, alias « Laissez-moi dormir », alias « Foutez-moi la paix », tu peux parler ! Ça ne t’a jamais gênée de me téléphoner à trois, quatre ou cinq heures du matin, toi ! Est-ce à dire que « La confiance n’exclut pas le contrôle », petite chérie, alias « Sekoutourette de mi amor » ?

devant la maison de Lutele. On dépose Salumu en face de l’entrée du stade et on fonce vers Yoloooo !

D’abord une terrasse au camp Kauka, au croisement Kimwenza et Bongolo. Celle que j’avais répérée le soir même de mon arrivée à Kinshasa. Chez Mirador Canon Kaka. Bondée ! Mais, rapidement, une bagarre

- Attention aux bouteilles ! Déjà payées et pas encore bues ! Attention, attention, attention ! Chacun prend sa bouteille en main ! Il ne faudrait surtout pas qu’elles se cassent…

éclate, des coups pleuvent, des chaises valsent… et des tables se libèrent… On peut à présent

- A l’aise !

étendre les jambes et suivre confortablement

- A l’aisément !

de loin, les « discussions » qui se poursuivent dans la rue… entre supporters de Werrason et de JB Mpiana ?

Ensuite on part à

- A ta demande expresse, petite chérie ! Là-même où tu as donné un coup de boule à un flicard embièré du Service d’Action et de Renseignements Militaire, SARM… tu te rappelles ! Et que même tu lui avais pété le nez et l’arcade sourcillière ! Ah, Nostalgie…Et comme j’étais fier d’être le mari de cette femme-là…

- Et toi, douchka, qu’est-ce que tu faisais pendant ce temps-là ?

- Ben, je regardais, quoi ! J’arbitrais ! Je jouais à la Monuc avant l’heure, je tentais de calmer les esprits en faisant bien attention à ne pas prendre de mauvais coups, quoi !

la recherche de « Tonton Mbaki ». Après avoir traversé plusieurs « lacs » (et c’est sans doute là qu’on a crevé un pneu), on finit par retrouver le bar… fermé… et/ou en ruines…

On termine (il se fait tard, plus beaucoup d’argent, un pneu à changer) la nuit au

Banga-Banga

sur Kapella. Peu de voitures parquées devant la boîte

- Combien la bière, douchla ?…

- Sept cent cinquante francs congolais la primus ou la Skol ! Cent cinquante francs de plus que dans les terrasses et les ngandas !

mais une ambiance très chaude et très animée, BMW… Plusieurs

- Combien la passe, douchka ?

- Mais enfin, petite chérie, ce n’est pas la passe qu’on me propose, c’est le grand amour ! Pour toute la nuit ! Et, si affinités il y a… et qu’au lit ça se passe bien… ce sera pour toute la vie !

- Compte tenu de ton âge, douchka, ces demoiselles ne s’engagent pas à grand-chose ! Et comme tu les choisis de plus en plus jeunes, elles vont vite t’achever, au lit comme tu dis !

- Mais enfin, petite chérie, je ne choisis rien ! Ni personne ! Je suis interpellé seulement ! Hélé, apostrophé, mis en demeure, sommé !

- Et qu’est-ce que Citronnelle, une vieille de vingt-quatre ans, va penser de tout ça, douchka ?

- Mais enfin, petite chérie, je ne me suis jamais présenté aux élections ! Je n’ai jamais été candidat ! Je me retrouve toujours « élu » sans avoir jamais fait acte de candidature… Le Congo, m’a dit Tshibambe, est un pays de « démocratie sorcière », non ?

filles, dont les robes électorales (libres, transparentes et démocratiques), plaquées-collées au corps, m me mme mmm mmooo mooouu moussssss moustiquent tiquent tiquent tiquent. Les Banga Banga Stars ! Elles sont horriblement jeunes !

Retour à la maison.

Boboto ?

Dodo !